LA COMÉDIE PARLEMENTAIRE
’OUVERTURE du Parlement s’est faite avec
le fla-fla ordinaire, que l’homme du protocole,
navré lui aussi par la mort de la reine,
avait assombri juste assez pour empêcher les
grandes dames de distraire la députation par un
trop luxurieux étalage de leurs charmes. Ces dames,
à l’exception de deux ou trois qui avaient
arboré les couleurs de l’Union Jack, s’étaient jusqu’au
menton vêtues de noir, d’abord parce que
le noir est aussi élégant que simple, ensuite parce
que c’est la mode par le temps qui court. Cette
parure sombre mettait si bien en relief le rose de
leurs joues et l’incarnat de leurs lèvres, qu’on s’est
demandé, en les voyant, pourquoi d’ordinaire, aux
cérémonies de ce genre, elles s’efforcent d’attirer
les yeux du sexe mâle plutôt sur leurs seins que
sur leur visage.
Le discours du Trône — lisez le discours de nos ministres, puisque le gouverneur général du Canada ne reçoit $50,000 par année que pour servir de porte-voix au cabinet — ne renferme rien de nouveau.
Son Excellence, il va sans dire, est profondément peinée de la mort de la reine et profondément heureuse de l’avènement d’Édouard VII.