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LA GRÈVE DE L’INTERNAT

té. Pour notre part, nous saurons nous rappeler à l’occasion que la direction de Notre-Dame a manqué à son devoir en reprenant à son service, malgré ses nobles paroles, des internes qui, dans les pays où le « patriotisme » n’est pas une excuse à toutes les forfaitures, auraient été justiciables du code pénal.

Au point de vue médical, les seize ou dix-sept internes-étudiants de Notre-Dame relèvent encore de la Faculté de médecine. Il y a actuellement tant de chômeurs dans le corps médical que la Faculté pouvait, sans inconvénient pour le public, faire un exemple de ces jeunes messieurs en les priant d’aller compléter leurs études ailleurs. Elle non plus, elle n’entend pas appliquer de sanctions.

Enfin, il ne semble pas que le Collège des Médecins et Chirurgiens, auquel la plupart des médecins grévistes de Notre-Dame, de l’Hôtel-Dieu, de la Miséricorde, de Sainte-Justine et de Saint-Jean-de-Dieu demanderont en juillet prochain le droit de pratique, soit avisé officiellement de la tare professionnelle de ces messieurs. Le conseil de la profession voterait des félicitations aux grévistes, les exhorterait à recommencer au besoin, que nous n’en serions nullement surpris : la dégradation complète des professions libérales, chez nous, exige que le « patriotisme » aille jusqu’au bout. Le Canada anglais s’enorgueillit à bon droit des découvertes des Banting, des Collip et de plusieurs autres, parmi lesquels des Juifs : nous, embusqués derrière un cordon de malades comme jadis les héros de Chateauguay derrière leur barricade de troncs d’arbres, nous avons gagné sur le Dr Rabinovitch, licencié de l’Université de Montréal avec grande distinction, la mémorable bataille de 1934.

Cet exploit, il retentira dans tous les coins du Canada français — tout au moins de la Province