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LES RELATIONS DE LA PRESSE…

ce qui se passe chez nous. Il est, par exemple, tel livre sur les États-Unis, sur la Chine, qu’un Américain, qu’un Chinois, n’aurait pu écrire.

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Et nous voici au bout de nos suggestions… Elles sont nombreuses, pas toutes de même importance, pas toutes également réalisables. Mais quoi que vous en pensiez, soyons sûrs qu’elles ne se réaliseront que si nous faisons de part et d’autre l’effort de compréhension nécessaire. Les événements de ces dernières années doivent nous avoir convaincu de l’infériorité culturelle et morale de certaines civilisations que le Français, né jobard en France comme au Canada, regardait sottement comme supérieures. Le Canadien-Français tient à ses traditions de culture française parce que, malgré la déformation, disons le mot, la dégénérescence, qu’il a subie au contact des civilisations anglaise et yankie, c’est encore cette culture qui lui conviendra le mieux s’il ne s’y montre délibérément réfractaire. Nous pouvons, confrères de France, travailler de part et d’autre au triomphe de la civilisation française en nous rendant compte notamment, — car cette question est de toute première importance, — nous, qu’on peut être bon Français sous diverses étiquettes religieuses ; vous, que le fait d’être catholique, même fanatiquement catholique, n’empêche pas d’être bon Français. Au cours du bref voyage que vous faites en ce moment, efforcez-vous de tout observer objectivement ; ne vous attachez pas trop à vos idées préconçues sur notre langue, sur notre accent, sur notre amour des institutions britanniques, sur notre foi religieuse, sur notre prolificité. Étudiez par vous-même les désastreux effets de la civilisation américaine sur nos mœurs, de l’anglais sur notre langue, notre esprit. Ce que vous n’aimerez pas chez nous, cherchez-en la cause dans les circonstances plutôt que