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PENSÉE FRANÇAISE

qu’il n’a jamais dit de Guizot, le protecteur de ses débuts politiques ; dans certaines autres, on ne lirait plus Veuillot, parce que Montalembert, dans un moment de mauvaise humeur qui se prolongea plusieurs années, écrivit à Mgr  Dupanloup que l’Univers était la « honte du journalisme ». Chateaubriand lui-même, l’auteur d’Atala, René et autres ouvrages où il y a plus de génie que de christianisme, serait compris dans le massacre, car ils sont rares les écrivains français du commencement du siècle, même parmi les mieux intentionnés et les plus droits, qui n’aient pas subi l’influence de ce milieu et de cette époque sceptiques. Vouloir juger ces hommes d’après nos opinions et nos préjugés, c’est de la démence pure et simple ; autant vaudrait faire un crime à Platon de n’avoir pas obtenu pour son Banquet ou pour sa République l’imprimatur d’un évêque.

Voilà pourquoi, au lieu de raisonner avec la tête de linotte qui chante dans le nid de l’Oiseau-Mouche, je me contenterai de lui citer, à titre de curiosité, ce qu’un avocat et homme politique catholique, M. Chauvin, disait le mercredi soir, 20 février, à l’université catholique de Montréal au cours d’une conférence sur notre formation intellectuelle :

« La France », a dit M. Chauvin, « nous offre l’exemple de ces hommes à culture élevée et générale. Guizot, Thiers, Montalembert et, de notre temps, M. Hanotaux, hommes politiques et hommes de lettres, laissant la tribune et sa fiévreuse éloquence, pour se renfermer dans leur cabinet de travail avec leurs livres, leurs études et leurs manuscrits impérissables.»

« Ce sont les modèles qui s’imposent à nos hommes publics. »

Je pourrais mener le magister DeGagné joliment loin dans cette polémique, car ce n’est pas encore,