deux mois : « Que la Ville achète l’immeuble de l’Université, puis le gouvernement provincial fera sa part. » Bref, le marché proposé n’était qu’un premier pas vers la régénération à peu près complète de l’Université. Et quiconque connaît l’aptitude ordinaire des contrôleurs (ohé !) et des échevins à manier les questions universitaires, jugera quelle diplomatie, quel tact, quel doigté, il avait fallu à l’échevin Morin pour intéresser la Ville, contre ses propres intérêts, à une œuvre si peu démagogique.
En bons vieux gâteux qu’ils sont[1], les administrateurs de l’Université n’ont pas compris cela. Ils ont raisonné, paraît-il, que l’immeuble vaudrait plus dans dix ans qu’aujourd’hui. Voilà une inspiration de génie !
De temps à autre, dans nos journaux, un scribe naïf se demande comment McGill reçoit tant d’argent des particuliers, pendant que Laval végète péniblement. C’est peut-être parce que nos amis les Anglais ont pu se convaincre d’expérience que McGill n’est pas dirigé par des crétins. Des hommes assez bornés pour refuser $400,000 de l’immeuble Laval dans les circonstances actuelles n’ont pas le droit de demander de l’argent au public. Le conseil municipal de Montréal et le gouvernement de Québec — pour ne rien dire des particuliers — refuseraient toute aide à cette institution tant qu’elle n’aura pas réformé sa direction de fond en comble, que, pour notre part, nous n’hésiterions pas à leur donner raison.
Ce qu’il faut aux administrateurs actuels de Laval, ce n’est pas de l’argent pour leur boutique : ils n’en sauraient que faire. C’est, pour leur vieillesse impotente, un asile paisible, de la bouillie, du papier de riz et des chaises percées.
- ↑ Bien entendu, je ne parle ici que de la majorité : pour ne nommer, par exemple que M. le juge Loranger, j’en connais qui comprennent l’infériorité actuelle de Laval, et qui la déplorent. — O.A.