déclaré avec violence. Foudroyé de pluſieurs attaques d’apoplexie conſécutives, Baudelaire avait perdu l’uſage de la parole et s’était trouvé paralyſé de tout le côté droit. Il était hémiplégique & aphaſique. Tranſporté dans une maiſon de ſanté, il en ſortit quinze jours après, le 19 avril, lorsque ſa mère, Mme Aupick, fut arrivée à Bruxelles. On conſerva quelque temps l’eſpoir de le ramener à Honfleur ; mais bientôt les reſſources d’une petite ville furent reconnues inſuffiſantes pour ſon état. On décida de l’amener à Paris. Il y arriva dans les premiers jours de juillet, accompagné de ſa mère & de M. A. Stevens, qui s’était obligeamment offert pour cette conduite. J’allai l’attendre au débarcadère du chemin de fer, plein d’anxiété & même d’effroi. Des bruits contradictoires s’étaient répandus au ſujet de la maladie de Baudelaire. On avait parlé de folie à cauſe de quelques violences que n’expliquait que trop l’impoſſibilité où il était de ſe faire comprendre. Lorſque je le vis s’avancer ſoutenu par M. Stevens, s’appuyant du bras gauche & portant ſa canne amarrée au bouton de ſon habit, j’eus le cœur ſerré & les larmes me montèrent aux yeux. En m’apercevant, il pouſſa un éclat de rire,
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