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a laiſſé. Quel exemple que la vie de ce poëte qui ne ſacrifia jamais rien de ſa conviction & qui marcha toujours directement dans ſa voie, ſans converſion ni obliquité ! Là ſans doute eſt le ſecret de ſa force. Quand il ſentait que ce qu’il faiſait ceſſait d’être du Baudelaire, il s’arrêtait ; & nulle conſidération, nul avantage, ni d’argent, ni de faveur, ni de publicité ne lui aurait fait faire un pas plus loin. Auſſi eſt-il reſté intègre & intact. Jamais écrivain ne fut plus complètement dans ſon œuvre ; jamais œuvre ne fut un plus exact reflet de ſon auteur.

Pour ſes amis, ſa perte eſt irréparable : ils le regretteront toujours, non-ſeulement à cauſe des agréments de ſon eſprit, de ſa compagnie & de ſa converſation, mais encore pour ſes mâles conſeils, pour ſes fermes & ſérieuſes vertus. Il avait le don inappréciable de l’encouragement. Quelquefois abattu & momentanément vaincu par les tribulations de ſa vie ſouvent fort difficile, même dans les embarras les plus graves, jamais il ne déſeſpéra, jamais il ne douta de lui-même ni de ſa fortune, & cette confiance, il ſavait la communiquer. L’homme le plus mou, le plus veule, après une heure d’entretien avec lui, ſe