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Vie de Charles Baudelaire.

moins beſogneur que lui. S’il aimait le travail, comme art, il avait en horreur le travail-fonction. J’ai entendu des gens qui l’avaient mal connu, ou qui l’avaient connu trop tard, s’étonner que, « avec un ſi grand talent », Baudelaire ne gagnât pas beaucoup d’argent. C’était le méconnaître abſolument. Quoiqu’il ait longtemps manifeſté la prétention & même la conviction de s’enrichir par ſon travail, Baudelaire était trop délicat & trop respectueux de lui-même pour devenir jamais un money-making author. Plus que personne il avait parlé dans sa jeuneſſe des quinze cents francs qu’il lui fallait à la fin de la ſemaine & qu’il ne doutait pas de gagner en trois jours, & d’autres tours de force de rapidité. C’était là, ſi l’on veut, de la forfanterie juvénile ;

    lis : — Supériorité du dandy. Qu’eſt-ce que le dandy ? Malheureuſement, la page eſt blanche. Mais on peut recompoſer la réponſe de diverſes notes éparpillées çà et là & ſur différents ſujets. Par exemple : — « Le dandy eſt le roi du monde. » — « La femme eſt le contraire du dandy, parce qu’elle eſt naturelle, c’eſt-à-dire vulgaire. » — « Le dandy ne fait rien ; il mépriſe toute fonction. Se figure-t-on un dandy parlant au peuple, autrement que le bafouer ? » &c. Le dandyſme en littérature ſerait donc tout ce qui est oppoſé de la cuiſtrerie, du pédantiſme & de la beſogne. Dans un livre projeté, ſous le titre un peu primitif de Réflexion ſur quelques uns de mes contemporains, Baudelaire avait réservé un chapitre à part aux dandys-littéraires. C’était Chateaubriand, le marquis de Cuſtine, Paul de Molène (militaire et écrivain), M. Barbey d’Aurevilly, &c., &c.