Page:Asselineau - La Double Vie, 1858.djvu/255

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Et là-dessus il m’exhiba un procès-verbal signé d’un commissaire de police, qui relatait que J. Klang, ayant été arrêté au moment où il haranguait les passants sur la voie publique, avait été reconnu pour un malade aliéné échappé des hôpitaux de Bicêtre, où, lui, commissaire, l’avait fait interner de nouveau !

Schmidt (les meilleurs naturels ne sont pas exempts d’un petit grain d’égoïsme) souriait en me communiquant cette pièce authentique, qui lui semblait donner gain de cause à son opinion sur la mienne.

— Fou ! m’écriai-je ; Jérémias fou ! Jérémias à Bicêtre ? Ainsi le seul que j’ai rencontré parmi vous, ayant véritablement de l’intelligence, du savoir, du génie, vous l’avilissez, vous le privez de sa liberté ? Oh ! c’est que le voisinage du génie est dangereux pour vous, esprits bornés, avortons qui croyez posséder le secret de la nature et ne savez pas même peindre des écorces. Allez donc me dénoncer à votre police ! Car si Jérémias est un être dangereux pour vous, je le suis, moi, bien davantage. Il n’est pas de moitié aussi fou que moi !

Et je poussai Schmidt étourdi hors de la chambre.

La visite de Schmidt s’était prolongée, et il était tard lorsque je le congédiai.

Resté seul, je tombai peu à peu dans un accablement profond ; que m’avait servi cette science acquise