Page:Asselineau - La Double Vie, 1858.djvu/256

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par désespoir ? qu’à faire de plus en plus le vide en moi et autour de moi. Le seul être qui pût m’y faire trouver quelque intérêt venait de m’être enlevé. J’avais appris à mépriser la gloire ; l’amour s’en était allé avec la foi et l’illusion. Enfin celui que je venais de chasser de chez moi était mon meilleur ami.

Je me retrouvais isolé, seul avec moi-même, sans autre compensation à tant de pertes qu’une puissance sans objet. À quoi me prendre désormais ? Et que me restait-il de mieux à faire, que d’aller dégager la promesse faite à celui qui m’avait ressuscité ?

Je resongeai à Lydie, et pour la première fois, depuis que j’avais recommencé à vivre, je m’attendris.

Je me levai, pris un flambeau, et me dirigeai à petit bruit vers la chambre où j’avais abandonné ma victime.

Elle dormait… Ce mépris que je lui témoignais avait altéré sa santé ; son visage, autrefois si beau, avait souffert. Pauvre femme ! Elle m’avait aimé autant qu’il était en elle de le faire ; était-ce sa faute si j’avais voulu la forcer à me donner ce qu’elle n’avait pas, et si je lui avais fait un crime d’une ambition dont tout autre que moi eût été flatté ?

Jeune et belle, elle pouvait encore être heureuse, apporter le bonheur à d’autres ; n’était-il pas juste de lui rendre sa liberté ?

Je regagnai mon cabinet avec précaution et me mis