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XXI
DE LA BALLADE


ramènent tout à un certain nombre de types & de patrons, de « timbres », comme auraient dit les anciens vaudevilliſtes du Caveau.

C’eſt au reſte le ſentiment exprimé par Étienne Paſquier, dans ses Recherches, à propos du Sonnet, mot que les Italiens, dit-il, ont repris de notre ancien eſtoc : — « Ode grec & Sonnet italien ne ſignifient autre choſe que chanſon. »

Il n’eſt pas juſqu’à « mot » lui-même qui n’ait eu temporairement, il eſt vrai, le même ſens,au témoignage d’Huet, évêque d’Avranches, dans ses Dissertations : — « Mot & ſon, dit-il, ſignifiaient autrefois la parole & le chant dont était compoſée la chanſon ; mot a depuis paſſé au chant, témoin motet… »

On ſait par trop d’exemples que les anciens rhythmes, devenus plus tard purement littéraires, ſe chantaient primitivement. Gérard de Nerval a déjà relevé le paſſage du Roman comique où une ſervante d’auberge chante en lavant ſa vaiſſelle une Ode du « vieux Ronſard ». Colletet, dans ſon Art poétique, cite un Sonnet d’Olivier de Magny dont « toute la cour du roy Henry ſecond fiſt tant d’eſtime, que tous les muſiciens de ſon temps, juſqu’à Rolland de Laſſus, travaillèrent à le mettre en muſique, & le chantèrent