Page:Asselineau - Le Livre des sonnets.djvu/117

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
68
le livre


Imité de Wordfworth




Ne ris point des ſonnets, ô Critique moqueur !
Par amour autrefois en fit le grand Shakſpeare ;
C’eſt ſur ce luth heureux que Pétrarque ſoupire,
Et que le Taſſe aux fers ſoulage un peu ſon cœur ;

Camoens de ſon exil abrège la longueur.
Car il chante en ſonnets l’amour & ſon empire ;
Dante aime cette fleur de myrte, & la reſpire,
Et la mêle au cyprès qui ceint ſon front vainqueur ;

Spencer, s’en revenant de l’île des féeries,
Exhale en longs ſonnets ſes trifteſſes chéries ;
Milton, chantant les ſiens, ranimait ſon regard :

Moi, je veux rajeunir le doux ſonnet en France ;
Du Bellay, le premier, l’apporta de Florence,
Et l’on en ſait plus d’un de notre vieux Ronſard.


Sainte-Beuve.