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IX
du sonnet


quantité de Sonnets répandus dans les œuvres des poètes français & étrangers. Titon du Tillet, auteur du Parnaſſe françois, dit, en parlant de Jodelle : « Il lui étoit fort ordinaire de prononcer des Sonnets ſur-le-champ ; & ceux de rencontre ne l’ont ſouvent occupé que le tour d’une allée de jardin. »

L’origine du Sonnet a donné lieu, dès le xvie siècle ſiècle, à de nombreuſes conteſtations. Quelques auteurs ont penſé qu’il était d’invention italienne.

M. Sainte-Beuve, un des derniers qui aient parlé du Sonnet, s’eſt laiſſé prendre à cette opinion lorſqu’il a dit :


Du Bellay, le premier, l’apporta de Florence.


Mais ce n’eſt là qu’une héréſie, réfutée dès ſa naiſſance par Étienne Paſquier, Michel de Noſtradamus, Vauquelin de La Freſnaye, Antoine du Verdier, Lacroix du Maine, Henry Eſtienne, Scévole de Sainte-Marthe, &, après eux, par Colletet, l’académicien.

Selon ce dernier, homme très compétent[1], Du Bellay n’aurait fait que reprendre aux Italiens ce qu’ils

  1. Colletet fut non ſeulement un poète d’une certaine valeur, mais un des plus intelligents érudits que la France ait eus. La bibliothèque du Louvre poſſédait le manuſcrit des vies de cent trente poètes français, écrites par lui ; & cet ouvrage, compoſé vers 1620, donne à Colletet le rang de père de notre hiſtoire littéraire.