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X
histoire


avaient emprunté aux troubadours de la Provence, & ce que ceux-ci mêmes avaient appris des poètes qui floriſſaient à la cour des premiers rois de France.

Voici comment Colletet motive cette aſſertion, qui a du moins le mérite d’être patriotique :

« Mais quoy que diſent tous ces fameux Autheurs touchant la première inuention du Sonnet, ie croy qu’il eſt bien encore de plus ancienne datte. Car ie trouue que Thibaut VII, Comte de Champagne, qui fit vne infinité de Chanfons amoureuſes en faueur de la Reyne Blanche, Mere du Roy faint Loüis…, témoigne qu’auparauant luy le Sonnet eſtoit déjà en vſage, puis qu’il en fait mention dans ſes Vers,


Et maint Sonnet, & mainte recordie.


Or ce Thibaut, comte de Champagne, & Roy de Nauarre, premier du nom, viuoit l’an 1226, desjà pour lors aſſez âgé ; c’eſt à dire plus de ſix vingts ans auparauant Petrarque, qui, comme i’ay dit, eſtoit (ſelon quelques-vns) le premier Autheur des Sonnets ; & enuiron ſoixante ans auparauant ce Bertrand de Marſeille, ce Guilhem des Almarics, & ce Girard de Bourneüil, qui en ont auſſi paſſé pour les premiers inuenteurs. Ainſi il y a bien de l’apparence que ce ſont les Poètes qui floriſſoient en la Cour de nos premiers Roys, qui ont les premiers inuenté le Sonnet. Et ce qui me confirme d’autant plus dans