Page:Asselineau - Le Livre des sonnets.djvu/227

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mort du fils de l’Autheur, ſigné Malherbe, imprimé p. 17, Pas de ſignature à cette page, & rien au verſo.

Ce fils, Marc-Antoine, était âgé de 26 ans lorſqu’il fut tué. Il était Avocat au Parlement de Provence. Malherbe pourſuivit à outrance les meurtriers & mourut ſans avoir pu obtenir ſatisfaction.

Les vers 13 & 14 du ſonnet s’appliquaient à Pol de Fortia, ſieur de Pilles, iſſu, diſait-on, d’une famille juive.

Balzac, dans ſa Diſſertation xxviii, ſur Malherbe, adreſſée à M. de Plaſſac-Méré, ne manque pas de s’étendre aſſez longuement ſur ce douloureux événement : « La dernière année de ſa vie, il perdit ſon Fils vnique, qui fut tué en duel, par vn Gentil-homme de Provence. Cette perte le toucha ſenſiblement. Ie le voyois tous les jours dans le fort de ſon affliction, & je le vis agité de pluſieurs penſées differentes. Il ſongea vne fois… à ſe battre contre celuy qui avoit tué ſon Fils : Et comme nous luy repreſentafmes, Monſieur de Porcheres-d’Arbaud & moy, qu’il y avoit trop de diſproportion de ſon âge de ſoixante & douze ans, à celuy d’vn homme qui n’en avoit pas encore vingt & cinq : C’eſt à cauſe de cela, que je me veux battre, nous reſpondit-il ; Ne voyez-vous pas que je ne hasarde qu’vn denier, contre vne piſtole ?

« On luy parla en ſuite d’accommodement, & vn Conſeiller du Parlement de Provence, ſon Ami particulier, luy porta parole de dix mille eſcus : Il en rejetta la premiere proportion (cela eſt encore vray) & nous dit l’apreſdinée, ce qui s’eſtoit paſſé le matin, entre luy & ſon Ami. Mais nous luy fiſmes conſiderer que la vengeance qu’il deſiroit, eſtant apparemment impoſſible, à cauſe du crédit que ſa Partie avoit à la Cour, il ne devoit pas refuſer cette legere ſatisfaction, qu’on luy preſentoit, que nous appellaſmes