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LES COMPAGNONS DE L’‟ANDROMÈDE”

(Fragments)


À Ferreal, on ne s’occupait plus beaucoup de l’Andromède — la ville y avait simplement gagné d’être débarrassée de quelques-uns de ses chômeurs. — Le dimanche, avec les beaux jours qui revenaient, lorsqu’on se promenait sur le chemin du port, on s’arrêtait un moment en face du cargo. Un peu une épave déjà, couleur de rouille, avec des blessures rouges si le minium apparaissait ; seuls restaient intacts deux grands mâts dont les poulies et les cordages servaient à transporter les tôles. Les promeneurs s’interrogeaient. Était-ce là le navire qui les avait surpris, un soir de novembre ? fait rêver ? supposer que Ferreal allait connaître un autre avenir ? Rien n’avait changé dans leur ville ni dans l’île. Et, un jour, dans le port, il n’y aurait plus de vrai bateau que leur courrier.

Mais certains continuaient à penser à l’Androméde. Ceux qui en achetaient les débris, par exemple. Ramon avait chargé pépé Anton’ de traiter avec les clients — car il connaissait la rouerie du Palau. — C’était, pour la plupart, des paysans qui venaient choisir des cloisons, des madriers, des poutrelles de fer, qu’ils emportaient pour réparer une étable, voire leur maison. Car le bruit s’était vite répandu qu’on débitait l’Andromède à des prix avantageux et on arrivait de partout — le vieux Quintana connaissait à fond ses compatriotes !