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— Attrape ! et il lui lança un cordage.

Quand il l’eut aidé à se hisser sur le pont, il attendit. Le Palau n’en menait pas large, étourdi, haletant, s’ébrouant comme un roquet. Enfin, il releva la tête, et de sa voix hargneuse interrogea :

— C’est vous qui m’avez poussé ?

Pépé Anton’ était résolu a bien profiter de la situation, car depuis un temps Palau se montrait encore plus enragé. Il répliqua, presque humblement :

— Je t’ai pris pour un autre. Je faisais mon métier de gardien.

— Tu ne le fais pas ! glapit Palau. Je sais que tu t’absentes ! J’ai voulu me rendre compte ! Oui, je te ferai remplacer !

Plusieurs fois, pépé Anton’ était parti pêcher avec Garcia, dans l’équipe se cachait un mouchard. Bah ! En ricanant, il montra deux tas de cuivre, puis répondit :

— Gueule pas si fort, voilà le jour. Ce matin, tu expliqueras ton histoire au vieux Quintana.

Palau marmonna, tourna le dos, s’en fut en pliant l’échine. « Attention, retombe pas », lui disait pépé Anton’. Il sauta dans son canot, s’éloigna vite, à grands coups de rames qui battaient l’eau, c’était sa rage qui éclatait toute. Tranquillement, pépé Anton’ déficela les tas que se préparait à voler Palau. Entre eux, maintenant, ce serait une lutte à mort.

— Je tiens le bon bout. S’il ne file pas droit…

Lorsque les camarades arrivèrent, il leur distribua sans hâte leurs outils. Un sourire rusé éclairait son visage. Tabou lui demanda :

— Tu as fait de beaux rêves ?

— J’ai rêvé que Palau nous foutait la paix, répondit-il gaiement.