Page:Association des écrivains et artistes révolutionnaires - Commune, numéros 5 à 10, janvier à juin 1934.djvu/477

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Ils reprirent leurs masses. Portalis tapa le premier, une chanson aux lèvres. Peut-être lui dirait-on de foutre le camp, surtout qu’on pouvait se passer maintenant de ses conseils. Bah ! il aimait rouler sa bosse. Au moins, les gars auraient vu de quelle façon on remet à sa place un emmerdeur. Ils travaillèrent en lorgnant Palau qui, à l’écart, devait ruminer sa vengeance.

Sur les neuf heures, il se leva d’un bond. Les compagnons cessèrent de frapper et regardèrent le vieux Quintana descendre lentement l’escalier. Il était seul et écouterait favorablement son surveillant — Ramon aurait soutenu Portalis, c’était encore un brave type, qui ressentait parfois le besoin de donner quelques coups de masse. — Au moment où le vieux s’engageait sur la passerelle, ils virent pépé Anton’ s’approcher de Palau, avancer la tête, comme pour glisser une confidence à leur chef.

Le vieux Quintana commença son inspection.

— Faudrait enfin attaquer cette salle des machines, dit-il. Palau, secouez-moi ces gaillards !

Les gaillards attendaient la réponse de Palau, impatiemment. Sauf Portalis qui balançait ses bras le long du corps, avec une façon de raconter : « Moi, j’en ai vu d’autres… »

— C’est le plus dur qu’on attaque maintenant, bredouilla Palau.

Le vieux partit sans appeler Portalis. Palau s’était tu ; les compagnons n’en revenaient pas !

— Il laisse mijoter sa vengeance, assura Colon, lorsque ce fut le moment de casser la croûte.

— Il ne se passera rien, dît alors sentencieusement pépé Anton’.

Ils se souvinrent de la façon dont il avait accosté Palau lors de l’arrivée du vieux.

— Tu lui glissais quoi à l’oreille ? demanda Caussade.

— Un petit conseil d’ami, répliqua pépé Anton’. Il nous foutra la paix, comptez sur moi.