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lés par le bain, elle avait l’air frais et net d’un être jeune qui vient de faire sa toilette. André s’était suspendu à son cou, l’entourant de ses jambes comme un arbre auquel il aurait voulu grimper, et presqu’aussi lourd qu’elle, la fit pencher en avant. Elle se débattit pour se libérer et appela Jean à l’aide. Ainsi, la connaissance fut tout de suite faite.

Thérèse les emmena se laver. Dans la buanderie, elle avait fait installer une baignoire de zinc et une douche. Jean était interloqué, quoi, alors qu’ils étaient déjà habillés, il fallait se déshabiller pour se rhabiller en suite. Il était encore indécis qu’André était déjà nu sous la douche qui lui collait les cheveux.

— Dépêche-toi, Jean !

Jean qui pensait à sa mère et à Monsieur le Curé, n’osait rien dire et restait en chemise, honteux et grelottant à l’idée de l’eau froide. Thérèse, sans façon, lui enleva sa chemise.

— Eh bien, qu’est-ce que tu fais là, on dirait que tu as honte, honte de quoi, je me le demande, tu n’es pas né avec tes habits sur le dos, allons viens, mon petit, viens.

Jean claquait des dents et ne voulait pas approcher, disant :

— Maman ne veut pas, maman ne veut pas !

Quand elle voulut l’emmener de force, il hurla de peur. Thérèse se décida à lui faire couler un bain tiède et, profitant de ce répit, Jean renfila prestement son pantalon. La jeune fille ne pouvait se rendre compte à quel point l’idée de la pudeur, inculquée par sa mère et par les prêtres, pouvait tourmenter l’enfant ; elle ne pouvait savoir qu’il en rêvait la nuit, se trouvant tout à coup dans la rue, nu ou en chemise, et très malheureux de ne savoir où se cacher.

— Voilà, c’est prêt, allons, viens ici.

Elle lui parlait doucement, lui faisant tâter la bonne eau chaude. À la fin, il se laissa déshabiller à nouveau, non sans faire de résistance, retenant la chemise aux aisselles et le pantalon aux genoux.

— Qu’il est maigre, pensait Thérèse en le lavant. Ses omoplates et sa colonne vertébrale saillaient, on voyait ses côtes en cerceau, elle remarquait les oreilles décollées, le teint blême. Il y avait fort à faire pour le transformer en un enfant robuste.