Aller au contenu

Page:Association des anciens élèves de l’École normale, 1886-1889.djvu/534

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
54
ASSOCIATION DES ANCIEN ÉLÈVES

et ce fut une foule sincèrement émue qui se pressa derrière son cercueil, couvert de fleurs par l’affection et la reconnaissance générales.

L. C. Colomb


Promotion de 1865 Michel (Louis-Napoléon), né à Magny-Saint-Médard (Côte-d’Or), le 22 juillet 1815, décédé à Dijon, le 11 avril 1888.

Fils d’un instituteur de la Côte-d’Or, Michel fit de brillantes études au lycée de Dijon. Bien que dès la classe de troisième il eût bifurqué (c’est le terme qu’on employait alors) vers les sciences, il montrait encore une aptitude remarquable pour les études littéraires, et disputait les premiers prix à ses condisciples de la section des Lettres. En 1863, à son premier concours, il vint tout droit de la province à l’École, à cette école dont il était si fier d’être élève, et pour laquelle il a conservé jusqu’à la fin une sorte de culte reconnaissant.

De 1868 à 1880, il enseigna les mathématiques successivement dans les lycées de Troyes, de Laval, du Puy, de Belfort.

Professeur excellent, collègue aimable, ami fidèle et sûr, partout il laissait les plus sympathiques souvenirs. Ses élèves avaient confiance en ce maître affectueux et dévoué qui leur donnait son temps et ses forces sans compter ; ses collègues estimaient ce caractère droit et loyal, aimaient ce cœur sensible et bon qui ne connut jamais la haine ni l’envie ; ses chefs enfin rendaient justice à son mérite, encore qu’il conservât vis-à-vis d’eux une réserve un peu froide.

Dijon fut sa dernière étape. Son ambition était de revenir, pour s’y fixer, dans sa ville natale, parmi les siens, et d’enseigner à son tour dans ce lycée où le souvenir de ses succès d’écolier n’était pas encore éteint, au milieu de ses anciens maîtres devenus ses collègues et restés ses amis. C’est là, qu’au mois d’octobre 82, il ressentit la première atteinte du mal terrible auquel il devait succomber cinq années plus tard. À trois reprises, il voulut, se trompant lui-même, malgré les conseils de ses amis, retourner à ses chers élèves ; mais dès la fin de 1865, il dut prendre un congé définitif : tout espoir était perdu. Les souffrances et les misères de cette douloureuse agonie de trois ans lui furent adoucies par l’affection de sa mère, par les soins et le dévouement vraiment admirable de sa douce et si vaillante compagne. Mais pour les siens quel cruel spectacle que celui de ce corps robuste que la vie abandonnait lentement, de cette vive et brillante intelligence qui se voilait peu à peu !

D’autres parmi ses camarades ont eu une destinée plus brillante que Michel ; nul n’a mieux que lui compris son devoir ; nul ne l’a plus dignement rempli.

La perte de cet homme de cœur et d’intelligence a été vivement sentie par tous ceux qui l’ont connu ; elle est irréparable pour sa veuve désolée, pour ses trois pauvres enfants, trop jeunes encore hélas ! pour comprendre toute l’étendue de leur malheur.

Hourier.


Promotion de 1879. Bussod (Félix), né à Lyon le 29 mai 1861, mort à Lyon le 13 mai 1888.

La mort l’a brutalement frappé dans cette ville de Lyon où il avait tant sou-