Voilà bien tout un tableau réel, vivant, du système que je propose, de ses avantages, de ses résultats certains, de son succès éclatant. Et, cependant, on ne l’appliquera que si on y est forcé par une loi. Voilà pourquoi je la réclame pour mon pays.
Creusons la pensée du capital, et nous y trouverons peut-être une dernière ressource contre le système que je propose. On nous dira : nous admettons la vérité de votre jugement sur les résultats du capital-monopole appliqué à l’industrie. Aussi nous voulons éviter ces résultats en donnant un meilleur salaire à l’ouvrier.
Les capitalistes du Canada sont de bons enfants, qui ne feront pas souffrir les classes ouvrières, et leur donneront un salaire équivalent à leur mérite et suffisant pour leurs besoins !
C’est bien là la mesure la plus large de la libéralité du capital. Eh bien, cela ne suffit pas. D’abord, parce que pas plus ici qu’aux États-Unis, le capital libéralisé autant qu’il peut l’être, laissé à lui-même, ne donnera qu’un salaire. Or le salaire est une chaîne plus ou moins dorée, mais c’est une chaîne, et tous les jours dans l’administration civile ou financière, les plus hauts salariés nous montrent le boulet moral qu’ils traînent au pied. De plus, le salaire ne peut produire la répartition équitable du revenu du travail. Avec le salaire l’égalité sociale prédéterminée par le Créateur est impossible. En un mot, tous les grands résultats anticipés par l’observateur de la marche des choses humaines : le bien-être, la vraie liberté, la vraie égalité, la vraie fraternité, ne peuvent-être assurés que par l’association du capital et du travail. Du moment que l’évidence est admise, la loi doit venir au secours des besoins sociaux,