Page:Assollant - Aventures merveilleuses mais authentiques du capitaine Corcoran, I.djvu/188

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« Chère Sita, je me souviendrai longtemps du bonheur que je goûte ce soir près de vous…

— Seigneur Corcoran, répondit la princesse, il me semble que j’ai toujours vécu ainsi, et que ma vie passée, si paisible et si douce, n’était qu’un rêve auprès de ce que j’ai vu et senti depuis hier.

— Et qu’avez-vous senti ? demanda le Breton.

— Je ne sais, répondit-elle naïvement. J’ai eu peur. J’ai cru qu’on voulait me tuer. J’ai cru que je me tuerais moi-même pour échapper à cet infâme Rao ; j’ai espéré vivre, en vous retrouvant dans le camp anglais, et j’en ai été sûre quand j’ai vu avec quel courage et quel sang-froid vous aviez bravé tous les dangers. »

Corcoran souriait en écoutant ces paroles naïves.

« Quelle fille charmante ! pensait-il, et qu’il vaut mieux passer la nuit dans cette pagode en causant paisiblement de Brahma, de Siva et de Wichnou (malgré la présence des Anglais et leurs carabines), que de chercher sottement le propre manuscrit du seigneur Manou, le plus sage des Indiens, et celui que respecte le plus l’Académie des sciences de Lyon… Ah ! il n’est rien de tel au monde que de sauver les belles princesses ou de donner sa vie pour elles. »

Pendant ces réflexions le sommeil venait. Le danger ne paraissait pas d’ailleurs très-grand, à cause de la fatigue des Anglais.