et cinq heures de l’après-midi. Vous voyez, messieurs, que je suis de bonne maison, et que les Corcoran peuvent lever haut la tête et regarder le soleil en face.
De moi-même j’ai peu de chose à dire. Je suis né une ligne de pêche à la main. Je montais seul dans la barque de mon père à l’âge où les autres enfants connaissent à peine l’alphabet, et quand mon père eut péri en portant secours à un bateau pêcheur en détresse, je m’embarquai sur la Chaste Suzanne, de Saint-Malo, qui allait pêcher la baleine vers le détroit de Behring ; après trois ans de courses vers le pôle nord et le pôle sud, je passai de la Chaste Suzanne sur la Belle-Émilie, de la Belle-Émilie sur le Fier-Artaban et du Fier-Artaban sur le Fils de la Tempête, un brick ailé qui file ses dix-huit nœuds à l’heure, toutes voiles dehors.
— Monsieur, interrompit le secrétaire perpétuel de l’Académie, vous nous avez promis l’histoire de Louison.
— Prenez patience, répliqua Corcoran, la voici. »
Mais un bruit lointain de tambours lui coupa la parole. On battait le rappel.
— Qu’est ceci ? demanda le président avec inquiétude.
— Je devine, répondit Corcoran. C’est le portier effrayé qui a barricadé la porte et qui est allé de-