Page:Assollant - Aventures merveilleuses mais authentiques du capitaine Corcoran, I.djvu/32

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mander du secours au poste voisin. Poltron, va !

— Parbleu ! dit un académicien, il aurait bien mieux fait de laisser la porte ouverte. Je ne perdrais pas mon temps à écouter l’histoire de Louison.

— Attention ! dit le capitaine. Voici qui devient sérieux. On sonne le tocsin. »

Effectivement le tocsin retentit au clocher le plus voisin, et se communiqua bientôt à tous les autres avec la rapidité de la flamme poussée par le vent.

« Bombes et mitraille ! dit en riant le capitaine. L’affaire sera chaude, ma pauvre Louison, car je vois qu’on va t’assiéger comme une place forte… »

Pour revenir à mon histoire, messieurs, c’était vers la fin de l’année de 1853, j’avais fait construire le Fils de la Tempête à Saint-Nazaire, et je venais de décharger dans le port de Batavia sept ou huit cents barriques de vin de Bordeaux. L’affaire était bonne. Donc, content de moi, de mon prochain, de la divine Providence et de l’état de mes affaires, je résolus un jour de prendre un plaisir qu’on n’a pas souvent sur mer : c’est celui de la chasse au tigre.

Vous n’ignorez pas, messieurs, que le tigre, qui est, d’ailleurs, le plus bel animal de la création, — regardez Louison, — a reçu malheureusement du ciel un appétit extraordinaire. Il aime le bœuf, l’hippopotame, la perdrix, le lièvre ; mais ce qu’il