Page:Assollant - Aventures merveilleuses mais authentiques du capitaine Corcoran, II.djvu/123

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riques de vin de Bordeaux. À cette vue, je ne doutai plus que la Providence ne nous invitât à planter notre tente dans l’île, et, avec le consentement d’Alice, qui eut la modestie de ne pas vouloir lui donner son propre nom, je la baptisai île Quaterquem.

Par un rare bonheur, non-seulement la cargaison qui nous tombait du ciel était la plus précieuse que nous puissions désirer, mais encore il nous était impossible d’en retrouver le propriétaire, car la mer avait emporté le bordage sur lequel était écrit le nom du vaisseau, et tous les papiers du bord. J’étais donc occupé à faire l’inventaire de notre trésor, lorsque j’entendis tout à coup Alice pousser un cri de surprise et une voix d’homme lui dire gravement en anglais :

— Comment vous portez-vous, madame ?

Jamais on ne fut plus étonné. Je me retourne, et je vois un homme d’âge mûr, fait, taillé, sculpté, habillé, rasé comme un ministre protestant, et suivi d’une femme encore belle, mais d’âge assorti au sien, et habillée avec le soin le plus scrupuleux, à la mode de 1840. Derrière eux venaient, par rang de taille, neuf enfants de quinze à trois ans : six filles et trois garçons.

C’était toute la population de l’île.

À parler franchement, je ne fus pas très-heureux de la rencontre. Comment ! j’avais fait le tour du