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LA CHASSE AUX LIONS

Pitou répondit :

« Madame Mouilletrou, c’est bien parlé. Je rentre, et nous allons fermer. »

Mais moi, ça m’humilia. Je dis à mon tour :

« Pitou, tu peux rester. Moi, je vais voir comme c’est fait, un lion.

— Pas possible ! » cria Pitou étonné.

Je répliquai :

« Si possible, Pitou, que c’est vrai. »

Il me dit encore :

« Tu me lâches donc ?

— Ce n’est pas moi qui te lâche, Pitou, c’est toi qui me lâches ; et l’on dira dans tout l’univers, quand on saura ce qui s’est passé : « Ce n’est pas Dumanet qui a lâché Pitou, en face du lion, c’est Pitou qui a lâché Dumanet. »

Pitou serra les poings.

« Alors, ça serait donc pour dire que je suis un lâche, Dumanet ! Ah ! vrai ! je n’aurais jamais cru ça de toi.

— Mais non, Pitou, tu ne seras pas un lâche, mais un lâcheur ; c’est bien différent. »

Il se jeta dans mes bras.

« Ah ! tiens, Dumanet, c’est toi qui n’as pas de cœur, de dire de pareilles choses à un ami !

— Alors tu viens avec moi ?

— Pardi ! »

À ce moment, un bruit qui ressemblait à celui du tonnerre se fit entendre dans la vallée, du côté de la montagne. La veuve Mouilletrou, toujours pressée de fermer sa porte, nous dit :

« Ah çà, voyons, entrez-vous ou sortez-vous, paire de blancs-becs ? Vous n’entendez donc pas le rugissement du lion ? »

En effet, c’était bien ça.

« Pour lors, dit Pitou, rentrons. »

Mais il était trop tard. La mère Mouilletrou avait fermé sa cambuse et ne l’aurait pas rouverte pour trente sacs de pommes de terre.