— Oui, une vieille bête, mais la meilleure des plus vieilles bêtes de tout le 7e de ligne.
— Je le sais bien. Tu me l’as dit assez souvent ! Mais ce n’est pas tout ça, Dumanet ; il est tard, il faut rentrer. »
Alors moi :
« Oui, mon vieux Pitou, il faut rentrer ; mais, comme tu dis, ce n’est pas tout ça. Nous sommes sortis pour nous couvrir de gloire, Pitou, et nous allons rentrer…
— Couverts de pluie, » ajouta Pitou.
En effet, il pleuvait déjà un peu, et le tonnerre commençait à rouler dans les montagnes.
« Et ça te suffit ?
— Mais, Dumanet, qu’est-ce que tu veux que j’y fasse ? Est-ce que je peux parer la pluie en faisant le moulinet avec mon briquet ?
— Ça, non : je t’obtempère.
— Je ne peux qu’aller me sécher à la caserne.
— Je t’obtempère encore plus.
— Eh bien, dit Pitou, puisque c’est ainsi et que tu m’obtempères deux fois, j’y vas. »
Il y allait, le bon garçon, en prenant son chemin par pointe et marchant d’un pas relevé. Mais je le retins et lui dis :
« Écoute-moi, Pitou. »
Et comme il continuait de marcher :
« Après, tu feras ce que tu voudras.
— Oui, oui, tu dis ça, et après tu me fais faire tout ce que tu veux. »
Cependant il ralentit le pas.
« Tu vois, mon vieux Pitou, nous avons promis de tuer le lion et nous ne l’avons pas tué.
— Pour ça, répliqua Pitou, il aurait fallu d’abord le voir.
— Tu as raison, Pitou, toujours raison. J’ai toujours pensé que tu étais un observateur… Eh bien, Pitou, si nous ne voyons pas le lion, c’est parce qu’il se cache.