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LA CHASSE AUX LIONS

— Crois-tu ?

— J’en suis sûr. Et s’il se cache, c’est parce qu’il a peur.

— Oh ! peur !…

— Oui, peur. Il a entendu dire dans son quartier que Pitou et Dumanet allaient se mettre à sa poursuite : il s’est sauvé.

— Laisse-le faire. Nous n’avons pas besoin de courir après la mauvaise société.

— Enfin, voilà ! Mais si l’on raconte chez la mère Mouilletrou que la mauvaise société, comme qui dirait le lion, a couru sur nous et que nous sommes revenus au galop, nous devant et lui derrière, sais-tu que ça ne nous ferait pas honneur ? »

Pitou réfléchit et répliqua :

« Mon Dieu ! Dumanet, tu m’impatientes. Courir, courir devant, courir derrière, courir dessus, courir dessous, courir à droite, courir à gauche, c’est toujours courir. Manger à midi, manger à trois heures, c’est toujours manger.

— Comme ça, tu veux qu’on se moque du fils de la mère Pitou ? »

Il se redressa.

« Qu’il vienne donc un peu, celui qui voudra se moquer du fils Pitou ! Qu’il vienne ! Et je lui envoie sur le nez la plus belle gifle de tout le 7e de ligne ! »

Il était tout à fait en colère.

« Où est-il donc ? Fais-le-moi voir un peu, ce malin ! Je vais te lui aplatir le nez sur les joues de façon qu’il ne pourra plus prendre une prise de toute sa vie, quand même il vivrait sept cent cinquante ans et vingt-sept jours, comme le vieux Mathusalem, qui la connaissait dans les coins. »

Je dis encore :

« Eh bien, Pitou, en cherchant bien, je ne vois plus qu’un moyen de couper la langue aux bavards. C’est de retourner demain à la recherche du lion.

— Mais puisqu’il s’est sauvé, Dumanet !