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LA
CHASSE AUX LIONS


I

À LA CANTINE


Lui, c’était Pitou ; moi, c’était Dumanet. Lui ne reculait jamais ; moi j’avançais toujours. À nous deux nous faisions la paire, comme disait le capitaine Chambard, de Montpellier, qui s’y connaissait.

Un jour donc, que nous étions assis tous les deux, Pitou et moi, dans la cantine de la veuve Mouilletrou, du 7e de ligne, pour lors en garnison à Bakhara — pas loin d’Alger, deux cents kilomètres — voilà que je me mets à bâiller comme une huître au fond de la mer.

Pitou, qui roulait sa cigarette entre ses doigts, la pose sur la table et me regarde d’un air étonné.

Vous n’avez jamais vu Pitou étonné ? C’est ça qui vous étonnerait !

D’abord, ça ne lui arrive presque jamais… oui ; mais quand ça lui arrive, il écarte ses dix doigts, qui sont faits comme dix boudins ; il ouvre sa bouche en forme de four de boulanger et ses yeux presque ronds comme la lune dans son plein.

C’est sa manière de laisser entrer les idées.

Il me dit :

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