« Dumanet ! »
Moi je lui répliquai :
« Pitou !
— Tu t’ennuies ?
— Oui. Pitou.
— Ah ! »
Il réfléchit pendant cinq minutes — le temps de fumer sa cigarette — et reprit :
« Dumanet !
— Pitou !
— Tu t’ennuies donc ?…
— Ah ! pour sûr !… Et toi ?
— Pas moi.
— Pitou, tu es bien heureux. C’est que tu es philosophe. »
Il me dit encore :
« Dumanet, qu’est-ce que c’est que ça, un philosophe ?
— Parbleu ! tu le vois bien. C’en est un qui s’amuse quand les autres s’ennuient. »
Il secoua la tête :
« Dumanet, je ne m’amuse pas.
— Alors tu t’ennuies ?
— Non.
— Qu’est-ce que tu fais donc ?
— Je vis… Et toi ?
— Moi aussi, Pitou. Mais je voudrais quelque chose de mieux.
— Quoi donc ?
— Je voudrais faire parler de moi dans les gazettes.
— Comme Napoléon à Sainte-Hélène ?
— Tout juste, Pitou… comme Napoléon à Sainte-Hélène, et aussi à Austerlitz.
— Tu veux être empereur, alors ?
— Non, non, Pitou. Mais je voudrais qu’on parlât de moi comme d’un