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PRÉFACE.

à moins qu’on ne perde de vûe les matieres qui y ſont traitées, & qui en font tout le prix. Je déclare donc que je n’aſpire point à la gloire de l’élocution, je penſe comme faiſoit un Poëte philoſophe :

.... Si fortè lepos auſtera canentes
Deficit, eloquio victi, re vincimus ipsâ.

À quoi ſert l’Aſtronomie ? En donnant au Public un auſſi long Traité d’Aſtronomie, en annonçant que cette Science a paru aux plus grands hommes digne d’une étude de toute la vie, on eſt obligé de répondre à cette queſtion : À quoi ſert l’Aſtronomie ? Je pourrois demander à mon tour : À quoi ſervent tant de choſes inutiles ou dangereuſes, dont on s’occupe journellement ſur la terre ? Mais la digreſſion me méneroit trop loin, je me borne à mon ſujet. L’étude en général eſt un des beſoins de l’humanité ; lorſqu’une fois on éprouve cette curioſité active & pénétrante qui nous porte à pénétrer les merveilles de la Nature, on ne demande plus à quoi ſert l’étude, car elle ſert alors à notre bonheur.

L’étude garantit des paſſions. L’étude eſt d’ailleurs un préſervatif contre le déſordre des paſſions ; & il me ſemble qu’il faut ſpécialement diſtinguer un genre d’étude qui éleve l’eſprit, qui l’applique fortement, & lui donne par conſéquent des armes plus sûres contre les dangers dont je parle. Il ne ſuffit pas de connoître le bien, diſoit Séneque, de ſçavoir ce qu’on doit à ſa patrie, à ſa famille, à ſes amis, à ſoi-même, ſi l’on n’a pas la force de le faire ; il ne ſuffit pas d’é-

Tome I.