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PRÉFACE.

d’Afrique, vit auſſi dans un jour déciſif la terreur ſe répandre dans ſon armée à la vûe d’une éclipſe ; il ſe préſente à ſes ſoldats, il leur en explique les cauſes, & il diſſipe leurs craintes. On raconte des choſes de cette eſpece à l’occaſion de Suplitius, & de Dion, Roi de Sicile. Nous verrons bientôt d’autres exemples de ſçavoir & des connoiſſances aſtronomiques des plus grands Princes.

Nous liſons un fait aſſez honorable à l’Aſtronomie dans l’Épître que Roias adreſſe à Charles-Quint, en lui dédiant ſes Commentaire ſur le Planiſphère. Chriſtophe Colomb en commandant l’armée que Ferdinand, Roi d’Eſpagne, avoit envoyée à la Jamaïque, dans les premiers temps de la découverte de cette Iſle, ſe trouva dans une diſette de vivres ſi générale, qu’il ne lui reſtoit aucune eſpérance de ſauver ſon armée, & qu’il alloit être à la diſcrétion des Sauvages : l’approche d’une éclipſe de Lune fournit à cet habile homme un moyen de ſortir d’embarras ; il fit dire aux Chefs de Sauvages que ſi dans quelques heures on ne lui envoyoit pas toutes les choſes qu’il demandoit, il alloit les livrer aux derniers malheurs, & qu’il commenceroit par priver la Lune de ſa lumiere. Les Sauvages mépriſerent d’abord ſes menaces ; mais auſſi-tôt qu’ils virent que la Lune commençoit en effet à diſparoître, ils furent frappés de terreur ; ils apporterent tout ce qu’ils avoient aux pieds du Général, & vinrent eux-même demander grace.

J’ai fait obſerver en parlant de l’Aſtrologie,