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Page:Athanase d’Alexandrie - Vie de Saint-Antoine, trad Manoury.djvu/18

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il sortit et se dirigea vers la montagne. L’ennemi, voyant son ardeur et voulant l’entraver, fit paraître sur sa route l’image d’un grand disque d’argent. Antoine comprit la ruse de son ennemi, s’arrêta, et, comme s’il eût vu le démon sous la figure de ce disque, il le confondit en lui disant : « D’où peut venir un disque en ce désert ? Il n’y a pas même de sentier dans ces lieux ; on n’y voit la trace d’aucun voyageur. Ce disque est trop grand pour qu’on l’ait laissé tomber sans s’en apercevoir. Et d’ailleurs celui qui l’aurait perdu n’aurait eu qu’à revenir sur ses pas : en le cherchant, il l’eût certainement retrouvé, puisque ce lieu est désert. C’est là une ruse du démon. Satan, tu n’arrêteras pas mon zèle par cet artifice. Qu’il périsse avec toi ! » À cette parole d’Antoine, le disque s’évanouit comme une fumée.


Saint Antoine se retire dans un château abandonné.


27. Se fortifiant donc de plus en plus dans sa résolution, il se dirigea vers la montagne. Il rencontra au delà du Nil un fort abandonné, que le temps avait rempli de serpents. Antoine s’y fixa. Dès qu’il en eut fait sa demeure, les reptiles disparurent, comme si on les eût chassés. Antoine en ferma la porte par une solide clôture. Il avait apporté avec lui des pains pour six mois, car les habitants de la Thébaïde savent en faire qui peuvent se conserver une année entière. Il y avait de l’eau dans l’intérieur du fort. Antoine s’y retira comme au fond d’un sanctuaire, et y demeura seul, n’en sortant jamais