Page:Athanase d’Alexandrie - Vie de saint Antoine, trad Rémondange.djvu/61

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 58 —

reconnaissant que le Seigneur avait fait cesser la maladie de la jeune fille le jour même où Antoine avait prié et imploré pour elle la clémence du Seigneur. Souvent il annonçait plusieurs jours d’avance, et quelquefois même un mois d’avance, ceux qui devaient venir le trouver et la cause pour laquelle ils venaient, car les uns venaient seulement pour le voir, d’autres pour leurs maladies, ceux-là parce qu’ils étaient tourmentés par les démons ; personne ne regrettait ni ne trouvait le chemin pénible, chacun s’en retournait se sentant soulagé. Antoine, en voyant et en parlant de ces prodiges, ne voulait pas qu’on l’admirât en cela, mais plutôt le Seigneur, parce qu’il accorde à nous autres hommes la grâce de le connaître suivant nos facultés.

Étant allé un jour pour visiter les monastères du dehors, et s’étant embarqué et priant avec les moines qui étaient avec lui, il sentit lui seul une odeur très-fétide. Ceux qui étaient dans le vaisseau lui ayant dit que cette odeur provenait de poissons salés, Antoine leur répondit que c’était une autre puanteur ; à peine avait-il parlé, qu’un jeune homme possédé du démon et qui, entré le premier dans le navire, s’y était caché, se mit aussitôt à crier ; mais le démon, menacé au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ, sortit, et cet homme fut guéri. Tous reconnurent alors que cette odeur fétide provenait du démon. Un autre personnage illustre tourmenté du démon vint auprès de lui ; ce démon était si terrible que le possédé mangeait ses excréments et ne savait pas s’il était près d’Antoine ; ceux donc qui le conduisaient supplièrent Antoine de prier pour lui. Antoine, plein de compassion pour le jeune homme, se mit en prière et veilla toute la nuit avec lui. Mais tout à coup, le jeune homme étant venu vers Antoine à la pointe du jour, le frappa, et comme ceux qui étaient venus avec lui s’en indignaient, Antoine leur dit : Ne vous fâchez pas contre ce jeune homme, car ce n’est pas