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lui qui m’a frappé, mais le démon qui est en lui. Menacé alors et sommé de fuir dans les lieux arides, il est devenu furieux et a pris la fuite ; rendez donc grâces à Dieu, car ce jeune homme en se jetant ainsi sur moi est une preuve de la sortie du démon. À peine Antoine eut-il fini de parler que le jeune homme fut guéri, et ayant recouvré sa raison, il reconnut où il était et embrassa le vieillard en rendant grâces à Dieu.

La plupart des moines ont également raconté d’une voix unanime plusieurs autres miracles opérés par l’entremise d’Antoine, mais beaucoup moins étonnants que d’autres qui le sont davantage. Un jour qu’il allait prendre son repas et qu’il se tenait debout pour prier vers la neuvième heure, il se sentit ravi en esprit, et ce qu’il y a d’étonnant, c’est qu’étant debout pour prier, il se vit comme hors de lui-même et comme enlevé dans les airs par plusieurs personnes, et que d’autres pleines de malice et de méchanceté se tenaient dans l’air et voulaient l’empêcher de passer ; comme ceux qui le conduisaient résistaient, ceux-ci leur demandèrent s’il leur appartenait et voulurent lui faire rendre compte de sa conduite depuis sa naissance. Mais ceux qui accompagnaient Antoine s’y opposèrent en leur disant : Le Seigneur a effacé les fautes commises depuis sa naissance, mais depuis qu’il est moine et qu’il s’est consacré à Dieu, vous pouvez en demander compte. L’ayant accusé et n’ayant rien pu prouver, le chemin devint libre pour lui et sans obstacle ; à l’instant, il se vit comme revenu à sa place, rendu à lui-même et redevenu Antoine comme auparavant ; oubliant alors de manger, il passa le reste du jour et toute la nuit à gémir et à prier, s’étonnant de voir combien d’ennemis nous avons à combattre, combien de travaux à endurer pour traverser les airs, et il se rappelait cette parole de l’apôtre : « Selon le prince des puissances de l’air (Éphés., 2, 2), » car c’est dans l’air que l’ennemi du genre humain a sa puissance pour