Page:Aubanel - Thore - Recherches statistiques sur l’aliénation mentale faites à l’hospice de Bicêtre.djvu/112

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crimes qu’ils disaient avoir commis. En remontant à l’origine de la maladie, nous avons cherché à nous assurer si elle n’avait pas eu son point de départ dans les organes de la vie de nutrition. Nous n’avons pas observé un seul cas de ce genre. Chez l’un de nos mélancoliques, la tristesse a été consécutive à plusieurs accès de manie ; nous avons vu deux maniaques qui nous ont aussi présenté cette transformation du délire.

D.Stupidité.

La stupidité, chez les 10 malades que nous avons observés, n’a pas été portée au dernier degré ; elle était incomplète dans la moitié des cas, et les malades qui étaient dans cet état suffisaient à leurs premiers besoins ; ils avaient conservé le sentiment de la propreté, et pouvaient encore se livrer à la conversation : ce qu’il y avait de remarquable chez eux, c’était leur indolence, leur apathie et un état d’hébétude qui ne les quittait point. Les autres stupides étaient réduits à une dégradation voisine de la démence ; un d’entre eux, jeune homme de 20 ans, est resté plus de 30 jours sans nous parler, refusant toute nourriture, et ne paraissant jouir par moments d’aucune de ses facultés : nous disons par moments, car ce malade nous a offert des instants de lucidité où il reprenait l’exercice libre de son intelligence ; c’est un caractère particulier à cette forme d’aliénation.

Trois de ces stupides ont eu des hallucinations de la vue. La manière dont la maladie s’est développée n’a pas été la même dans tous les cas : cinq fois le trouble a été primitif ; cinq fois il a été consécutif à