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franchement que s’ils s’étaient rendus auparavant dans ces îles, c’était afin de ne pas avoir de difficultés en Californie où on leur avait promis du travail. » Cette question de la main-d’œuvre aux Hawaï est la cause primordiale du conflit américain-japonais. Depuis vingt-cinq ans King Sugar a su attirer une population moyenne de 60 000 coolies japonais sur ses terres, qui, par leur position centrale dans le Pacifique nord, sont pour l’émigration japonaise un excellent point de distribution vers l’Amérique du Nord et le Mexique. Maintenant que les Japonais sont indispensables aux Hawaï, les Américains, à moins de détrôner King Sugar et de ruiner leur territoire, ne peuvent les en écarter brusquement ; or, tant que les coolies japonais s’y accumuleront, l’Amérique du Nord sera menacée.

La mesure que le président Roosevelt a fait voter en février 1907 par le Congrès est destinée à empêcher les travailleurs japonais dont les passeports sont pour les Hawaï de passer en Californie. L’amendement que le Canada a introduit dans sa loi d’immigration, les immigrants au Canada devront venir directement de leur pays d’origine, — a le même objet. Dès que la mesure fut proclamée aux États-Unis, les Japonais des Hawaï télégraphièrent au président Roosevelt qu’ils protestaient contre une mesure qui les rend à jamais esclaves des capitalistes hawaïens, et, au ministère des Affaires étrangères à Tôkyô, qu’elle était incompatible avec la dignité de l’Empire et ruineuse pour leurs intérêts.

Je suis peiné que les États-Unis, pays si excellent pour notre émigration, se ferment pour nous. Il y a des gens qui disent que malgré que les États-Unis ne soient plus