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ouverts aux émigrants japonais, rien n’est perdu tant que les Hawaï recevront nos compatriotes. Mais raisonner ainsi, c’est ignorer le caractère des émigrants aux Hawaï. En fait ceux qu’on appelle ainsi sont des émigrants pour les États-Unis. L’envoi mensuel de plusieurs milliers d’émigrants japonais aux Hawaï est fait pour remplacer ceux qui rentrent au Japon et ceux qui des Hawaï passent sur le continent américain. Les véritables émigrants aux Hawaï sont peu nombreux. Il manque aux Hawaï 5 ou 6 000 bras. Quand ils y auront été envoyés, les Hawaï n’auront plus besoin d’autres émigrants. Si l’on continue d’y faire partir 2 000 émigrants par mois, comme en ces derniers temps, il suffira de deux ou trois mois pour que la limite soit atteinte[1].

Ce chiffre de 2 000 émigrants par mois pour les Hawaï, fixé par le gouvernement japonais, et qui devait être porté à 4 000 à partir du 1er juin 1907[2], fut temporairement ramené à 1 005 (juin 1907), en raison des difficultés avec les États-Unis. Le vrai moyen pour le gouvernement japonais d’arrêter toute émigration en Amérique, c’était d’empêcher les départs pour les Hawaï ; or le gouvernement japonais sembla n’y prendre pas garde. Estimait-il que la mesure passée par le gouvernement américain contre ses nationaux ne pouvait être que provisoire ? En tout cas, il savait qu’ils essaieraient de tous les moyens pour la tourner.

Il n’est guère prudent d’élever un mur à proximité d’un réservoir prêt à déborder. Non loin du mur de protection dont s’entourait le continent américain contre le flot de coolies japonais, le gouvernement de

  1. Toyo Keizai Shimpo, 25 mars 1907. L’Avenir des Émigrants aux îles Hawaï.
  2. Asahi Shimbun, 28 décembre 1906.