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Tôkyô, méthodiquement emplissait de travailleurs le réservoir hawaïen. Pour le trop-plein de main-d’œuvre, la pente d’écoulement de l’aqueduc à double arche s’incline du Japon aux Hawaï, puis en Californie : c’est la différence des salaires qui crée l’écoulement dans ce sens. N’était-il pas à penser que le flot des travailleurs japonais trouverait dans le mur des fissures par où suinter aux États-Unis, jusqu’au moment où il le jetterait bas ?

Les coolies japonais filtrèrent à travers la digue américaine, ou la tournèrent par le Canada et le Mexique : on compta aux États-Unis du 1er juin 1906 au 31 mai 1907 plus de 30 000 de ces immigrants, deux fois plus nombreux que les années précédentes, et le mouvement continua jusqu’à la fin de 1907. C’est alors seulement que le gouvernement japonais, jugeant que la situation lui imposait un sacrifice, publia que seuls auraient le droit d’émigrer désormais aux Hawaï les Japonais qui y retournent et leurs proches parents.

Les Japonais savent qu’ils sont indispensables aux îles : comment King Sugar s’accommoderait-il d’une diminution de ses serviteurs ? Les planteurs hawaïens continueront de les attirer, et les Japonais continueront d’écouter leurs appels car derrière les Hawaï ils voient l’Amérique, terre « des possibilités indéfinies ». 60 000 Japonais, déjà installés dans les îles, auront le droit de revenir au Japon et de repartir aux Hawaï en emmenant leurs proches parents. Quel contrôle pourrait prévenir les fraudes ?

Au reste l’interdiction de partir aux Hawaï n’est peut-être pas aussi absolue qu’on l’a dit. Voici d’après le Tôkyô Asahi Shimbun du 15 décembre 1907