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Toutefois, si l’on se reporte aux circonstances dans lesquelles le traité de 1894 fut signé, il est sûr qu’il fut destiné à reconnaître l’égalité complète entre Japonais et Américains ; c’est l’un des traités que conclut Tôkyô et que les États-Unis et l’Angleterre furent les plus empressés à accepter, pour retirer aux étrangers résidant au Japon les privilèges d’exterritorialité et de juridiction consulaire[1].

Les victoires du Japon, l’accroissement de son prestige dans le monde obligeaient pratiquement le gouvernement de Washington à interpréter au bénéfice du Japon la clause de la nation la plus favorisée dans le sens le plus large. Le gouvernement des États-Unis engagea aussitôt contre les autorités de San Francisco deux procès pour décider juridiquement quelles sont les prérogatives du pouvoir fédéral, et où s’arrête la souveraineté réservée aux États particuliers.

Juridiquement la question n’a pas été tranchée : après cinq mois de négociations entre le pouvoir fédéral et les autorités scolaires de San Francisco, la mesure, prétexte des deux procès, fut retirée. Si l’action de la justice a été si lente et si le gouvernement

    ses nationaux ne soient pas soumis à ces lois et règlements, universellement tenus pour constitutionnels et obéis par nos citoyens de couleur. » Que l’on accorde le droit aux Japonais de fréquenter les mêmes écoles que les Blancs, et l’on n’aura aucune raison de le refuser aux enfants chinois et nègres.

  1. Pourtant, dans ce traité, les Américains, édifiés par le danger chinois, négligèrent, sans doute à dessein, de spécifier aucun privilège d’éducation, alors que dans le traité avec la Chine du 28 juillet 1868, il était dit (art. VII) : « Les sujets chinois jouiront des privilèges des public-schools du gouvernement national, privilèges dont jouissent aux États-Unis les citoyens ou sujets de la nation la plus favorisée. »