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Francisco demanda à s’affilier au syndicat, mais essuya un refus ; alors elle proposa de verser au chef des boycotters une somme de 550 dollars ; après l’envoi d’un premier chèque de 100 dollars, le boycott s’arrêta.

En Californie, terre neuve, peuplée en hâte d’aventuriers de tous pays et de tous rangs, l’anarchie et la brutalité des foules sont de tradition : c’est le pays des hoodlums. Depuis le tremblement de terre et le feu, au milieu des désordres qui ont suivi, les apaches de San Francisco et d’Oakland ont pris le goût du vol et de l’assassinat, même en plein jour. Par hostilité de race, sans qu’il y ait eu contre eux de tentative de vol, des Japonais notoires furent assaillis. Le docteur F. Omori, envoyé à San Francisco par le gouvernement japonais pour étudier les causes et les effets du tremblement de terre, reçut des pierres dans les rues. Le professeur d’architecture Th. Takamura fut pareillement lapidé. Le président Roosevelt fit avertir les autorités de San Francisco que si elles n’assuraient pas aux Japonais la protection des biens et des personnes, garantie par traité, « l’entier pouvoir du gouvernement fédéral serait employé, dans les limites que prescrit la Constitution, à imposer promptement et énergiquement le respect des traités, loi suprême du pays, et à assurer au peuple d’une grande puissance amie le traitement qui convient sur le territoire des États-Unis ».

Pour les Californiens, qui depuis longtemps souhaitaient que les lois d’exclusion votées contre les Chinois fussent appliquées aux coolies japonais et coréens, la mesure des écoles fut un prétexte pour obliger le pays entier à examiner le problème de l’immigration japonaise.