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II

Depuis cinq ou six années, depuis un an surtout, les Japonais arrivaient toujours plus nombreux en Californie. Une fois aux Hawaï, plus de salaires, plus de libertés, plus de curiosités les attiraient sur le continent. L’étape dans les îles leur servait à acquérir les rudiments d’un métier occidental, parfois, pour leurs enfants qui y étaient nés, un brevet de naturalisation américaine, en tout cas une garantie d’immunité contre les rigueurs des agents de l’immigration et contre la loi qui interdit l’importation aux États-Unis de travailleurs engagés à l’étranger par contrats, puisque, en passant d’Honoloulou à San Francisco, ils ne quittaient pas le territoire américain. Au demeurant, il n’y a pas de raison pour que les États-Unis, que la réussite retentissante de quelques individus auréole chez les imaginations lointaines d’un mystère de bonheur et de bien-être dorés, attire moins les hordes d’Asie à travers le Pacifique qu’elle n’attire, depuis un siècle, à travers l’Atlantique, les hordes d’Europe. C’est une manie des Japonais, de chercher des exemples dans l’histoire de l’Europe.