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gnole : « Les intérêts touchés par l’irrigation sont si nombreux, si variés et si intimement liés au bien public que le contrôle de l’État est absolument nécessaire, et que pour la protection de ses citoyens aucun monopole ne peut être permis qui sépare la propriété de l’eau de la propriété de la terre où elle est employée[1]. » Le droit d’user l’eau devrait appartenir à la terre à irriguer, et les droits sur l’eau devraient être inséparables des titres fonciers. Sans doute les propriétaires de canaux d’irrigation sont peu disposés à se soumettre à un contrôle effectif ; en cas de contestation, ils ne connaissent que les tribunaux ordinaires, et, à défaut des tribunaux, les brigands d’Arizona qu’ils arment de fusils pour veiller au bien accaparé et pour affamer le voisin, le rival. Mais le danger actuel des monopoles du pétrole, du cuivre, du charbon, du fer est un avertissement du danger encore plus grand que l’on risque en permettant le monopole de l’eau. Il faut établir un tribunal spécial qui révisera les titres de propriété et déterminera les droits sur l’eau. On objecte la corruption possible des fonctionnaires. « Mais il faudrait une corruption diabolique pour créer les maux qui égalent ceux d’aujourd’hui. » Ce tribunal devra inventorier la capacité des rivières et des canaux, empêcher de nouvelles constructions jusqu’à ce qu’il ait démontré qu’il y a assez d’eau disponible, déterminer la superficie des terres irriguées et des terres à irriguer, déclarer propriété de l’État toute l’eau qui n’a pas encore été appropriée, et la distribuer

  1. 4th Progress Report, Royal Commission on Water Supply. Victoria, Australia. Cité dans Op. laud., p. 39.