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la Californie dépend de l’irrigation, on se heurte à des droits acquis de l’État, à des droits de riverains, à des droits de Compagnies de navigation qui entravent tous les projets. Les estates des grandes familles, des Stanford, des Bidwell et d’autres, et aussi les Compagnies par actions ont accaparé l’eau de rivières entières sans l’ombre d’un droit, et pourtant ne manquent pas de faire valoir très haut des droits de priorité. Or partout où le contrôle de l’eau n’est pas lié à la propriété du sol, où un individu, une société peuvent monopoliser une eau dont ils ne justifient pas l’emploi sur des terres leur appartenant, disputes et injustices abondent. Dans le sud de l’Espagne, à côté de provinces florissantes comme celle de Valence, parce que la terre et l’eau y sont proclamées inséparables, en tel district, comme celui d’Elche, les droits sur l’eau étant possédés par des étrangers, le fermier doit y acheter l’arrosage comme il y achète des engrais : les accapareurs élevant les droits, c’est la ruine du pays.

Le monopole de l’eau dans un pays aride, c’est la pire des tyrannies ; cette tyrannie est sentie en Californie. Il y a un tel manque d’assurance et de stabilité dans l’attribution des droits sur l’eau qu’il est hasardeux de construire des canaux, tant c’est une occasion de mésintelligence et de procès entre voisins. Aussi les fermiers qui désirent vivre en paix, et qui craignent de devenir les serfs de la canal company évitent-ils les districts où l’irrigation s’impose.

À cette anarchie gâcheuse, à ce laisser faire anglo-saxon, qui se justifient par les droits de l’individu et les vested interests, le remède, c’est une expérience latine, italienne aussi bien que française et espa-