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tant et capable d’une puissante assimilation. Dans les campagnes, la place est à prendre par des communautés de paysans dont les qualités de finesse, de goût et d’énergie s’harmonisent aux vertus et aux exigences du sol. Dans les grandes plaines du Minnesota, du Dakota, dans les rolling prairies du Middle-West où s’est imposée la culture industrielle, le Japonais serait dépaysé ; mais dans les vallées closes de Californie qui se prêtent à l’irrigation, à la culture intensive, il est à son affaire.

La terre californienne est aussi avide d’immigration que d’irrigation : les Japonais sont en face, prêts à émigrer ; les Hawaï rapprochent de cette côte qui les réclame 70 000 colons excursionnistes. Les Japonais sont protégés contre la concurrence des Chinois par les lois américaines sur l’immigration, aussi dans l’Ouest américain comme aux Hawaï, sur le sol débarrassé de Chinois, le Japonais pullule.

Les États de l’ouest des États-Unis où les Japonais vivent les plus nombreux sont parmi les moins peuplés : Californie (10 habitants au mille carré), Orégon (4,4), Washington (7,7), Montana (1,7). Toutefois il ne faut pas se représenter cette région comme envahie par les Japonais : on le croirait à entendre les cris d’alarme poussés par la yellow press, dont l’écho se prolonge dans la presse d’Europe. Leur nombre exact, on ne peut le savoir, au moins jusqu’au prochain recensement de 1910. Le Census de 1900 annonçait que 24 500 Japonais vivaient sur le continent américain. Or, d’après les statistiques annuelles de l’immigration, de 1901 à 1905 il en vint 64 937 (1901, 5 296 ; 1902, 14 270 ; 1903, 19 968 ; 1904, 14 382 ;