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III

Aussi l’opinion californienne est unanime à souhaiter l’exclusion des coolies japonais. Ce n’est pourtant pas l’habitude à l’ouest du Mississipi, et en Californie spécialement, de prendre parti nettement et à haute voix sur les questions d’intérêt public. Être républicain ou démocrate signifie, non pas que l’on s’intéresse aux grands problèmes, mais simplement qu’on est un rouage de la machine à contrôler les honneurs et les prébendes. Pourtant quand il s’agit des Jaunes, chacun devient net et violent.

Pendant la guerre russo-japonaise, alors que l’Est et le Middle-West étaient japonophiles, San Francisco souhaitait que ses deux rivaux sur le Pacifique nord s’usassent pour longtemps. L’hostilité contre le monde jaune est de tradition à San Francisco, tradition qu’exaltèrent les syndicats ouvriers, maîtres de l’heure, tant que les gens de la municipalité furent leurs hommes. Les ports du Puget-Sound, Seattle par exemple, n’avaient pas, jusqu’à ce que l’exemple et la propagande de San Francisco les eussent gagnés en 1907, une aversion aussi forte[1]: les unions y sont moins puissantes qu’à San Francisco ; les Japonais

  1. La convention des ligues d’exclusion des Asiatiques de la