Page:Aubert - Américains et Japonais, 1908.pdf/148

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moins nombreux, engagés dans les mines, dans les scieries de bois ou dans les conserves de saumon, viennent à la ville surtout pour dépenser leur argent. Enfin les villes du Puget-Sound et l’État de Washington se sentent moins isolés de l’arrière-pays que San Francisco. Au contraire du Nevada et de l’Utah, hinterland de la Californie, presque tout en déserts, le Montana, qui, au nord, relie la côte du Pacifique au bassin du Mississipi, offre une zone continue de population et de culture.

Dans l’État de Californie, lors des élections, les « plates-formes » républicaines et démocrates et, au Congrès, les sénateurs et représentants de l’État sont d’accord pour s’opposer à l’immigration japonaise et pour réclamer des mesures d’exclusion. Même unanimité entre les trois grands journaux de San Francisco. Plusieurs mois avant l’incident des écoles, le Chronicle consacrait à détailler et à grossir le péril japonais, des suppléments aussi copieux et aussi éloquents que s’il s’était agi to boom an agriculturian section — preuve évidente que l’antijaponisme intéressait the man in the street, et que l’ambitieux directeur y voyait la plus sûre des réclames pour son avenir politique. L’Examiner, le journal de Mr. Hearst, le millionnaire démagogue, avait pris aussi l’habitude de flatter les unions en parlant du péril jaune. Enfin le Call, lui-même, bien qu’il représentât les intérêts des planteurs hawaïens et des capitalistes de la côte, prit aussi parti contre les Japonais.

Certes, les gros fermiers, les grands propriétaires

    Colombie britannique et de la Californie, qui siégea à Seattle en février 1908, a créé une seule ligue d’exclusion nord-américaine.