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Barbares nomades, les Romains sédentaires multiplièrent vainement les barrières.

Le mouvement d’émigration japonaise et l’opposition qu’il rencontre dans les démocraties anglo-saxonnes du Pacifique marquent une époque dans l’histoire du péril jaune. Un chapitre se ferme : l’Europe n’est plus directement menacée. Un nouveau chapitre s’ouvre : sont menacés les Anglo-Saxons d’outre-mer qui, hors d’Europe, représentent l’idée occidentale. Les pays qui ont le moins cru jusqu’ici au péril jaune, les États-Unis et l’Empire anglais en expérimentent la forme nouvelle.

L’Extrême-Orient a toujours paru trop proche à l’Europe continentale qui tremblait pour sa sécurité. Longtemps l’imagination populaire, fidèle au souvenir des invasions mongoles du XIIIe siècle et de l’avance turque à partir du XVe siècle, a craint un débordement de hordes jaunes sur notre civilisation toute blanche. C’est encore ainsi que certains ouvrages de vulgarisation populaire, peignent le péril jaune. Depuis que les relations ont repris très actives entre l’Europe continentale et l’Asie orientale, par mer, puis par le Transsibérien, et que la France, l’Allemagne et la Russie ont acquis en Extrême-Orient des colonies ou des sphères d’influence, les victoires du Japon, les mouvements antiétrangers en Chine ont fait craindre que la Chine, sous la direction du Japon, ne réussit à les en évincer peu à peu. Ayant à l’assaut de l’Extrême-Orient leurs mission-