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entrer : ils veulent défendre leur démocratie occidentale contre ces Asiatiques.

Car les milliers de Chinois qui chaque année par fraude gagnent le brevet de citoyens, sont des coolies adultes qui au sortir de prison ignorent tout des institutions et de la langue américaines et qui pourtant peuvent prendre part aux élections. Jusqu’ici ils ont peu voté : on ne peut donc estimer ni le nombre de ces électeurs, ni leur inclination à exercer leur droit. Le Chinois travaille silencieusement, tenacement et sait agir au bon moment. Dès qu’il se sentira assez nombreux pour que son vote soit décisif, il interviendra, et ce vote en masse fera subitement prévaloir une influence de clan. Toutes les fois qu’un intérêt sera en jeu, tous voteront pour la Chine contre les intérêts proprement américains ; dans les autres occasions, le vote collectif sera au plus offrant : ils imiteront ce qu’ils voient faire à beaucoup de citoyens américains, avec d’autant moins de scrupule qu’ils n’attachent aucune dignité à ce droit de vote. « C’est beaucoup plus qu’un problème économique ou qu’un problème de travail qui est en question. La vie politique de notre nation est menacée. Les communautés de Chinois qui se tiennent et qui ont des intérêts unifiés, peuvent par leurs votes concentrés jouer un grand rôle dans les élections. »

À l’existence de cette communauté chinoise, tel un État dans l’État, il y a aussi un danger moral. La fraude en commun renforce le lien de race. Le Chinois entré par fraude reste l’homme-lige de celui qui l’a assisté et qui continue de le couvrir. Souvent de petits établissements d’épicerie appartiennent à vingt associés chinois : chacun d’eux a soi-disant 1000 dol-