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lars engagés dans une affaire qui ne rapporte presque rien, et l’on ne voit jamais que quatre ou cinq personnes au comptoir. Les autres associés sont des coolies : la prétendue association n’est qu’un prétexte pour les empêcher d’être arrêtés et déportés. Beaucoup d’entreprises gagnent davantage à importer secrètement des coolies qu’à vendre, au plein jour, du thé, du riz et de l’huile. Entre complices ils se tiennent, et tout comme les Nègres, que traquent aussi les Blancs, il est bien rare qu’ils livrent un des leurs. Le Chinois que les Américains se plaisent à opposer au Japonais comme homme de parole dans les contrats, devient dans ces affaires d’immigration un effronté menteur. Même ceux qui sont dans leur droit, assistent la fraude, parce qu’ils s’irritent à voir toutes les mesures vexatoires pour leur race, et à se souvenir des mauvais traitements qu’on leur a fait subir.

Mais cette solidarité, cette complicité entraîne une morale de sociétés secrètes : menaces, exécutions clandestines. Ces Chinois que l’on a pourvus de faux papiers, peuvent, une fois admis, être repris, convaincus de faux, rapatriés ; aussi parfois les fait-on chanter, eux et leurs familles qui sont restées en Chine : d’où des drames si fréquents que les Chinois honnêtes en arrivent à déplorer la fraude qui fait entrer tant des leurs. Avant l’incendie on se murmurait des histoires de meurtres dans Chinatown, hors des prises de la loi américaine. Et les tentatives de corruption, les menaces ne manquent pas contre les agents de l’immigration.

Tout Chinois qui réussit à faire reconnaître qu’il est bien né aux États-Unis peut amener ou faire